vaincre la résistance au changement

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By: Blandine Gerber Fleury
Edited date: March 22, 2021Estimated reading time: 11 minutes

dépasser ses résistances au changement pour s’épanouir

Résister à la tentation d’étrangler son voisin qui pousse les décibels à trois heures du matin est sage. Résister à l’envie de manger un gâteau alors qu’on est allergique au gluten est raisonnable. Mais résister et lutter contre les changements nécessaires à l’amélioration de notre vie et à la réalisation de soi est un acte de sabotage, souvent inconscient.

La résistance est par définition un combat, une lutte avec l’intérieur et l’extérieur de soi (dans notre contexte), que nous menons dans le meilleur des cas pour nous protéger ou protéger les autres. Mais nous nous dressons parfois irrationnellement contre nous-mêmes, avec la complicité de notre cerveau attaché à nos habitudes, pour nous maintenir dans notre zone de “confort” pourtant devenue nuisible à la tranquillité de notre esprit. Rester fidèle à ce qui nous procure de l’inconfort, est un comportement irrationnel contrôlé par notre résistance au changement.

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Ceux, dont l’instabilité est inhérente à leur mode de vie, ne sont pas exemptés de cette difficulté à procéder aux transformations qui favoriseraient leur bien-être. Car leur fuite de l’immobilisme est, pour certains d’entre eux, une habitude dont le but ultime est de maintenir en place leurs croyances. Par exemple, vivre dans la petite enfance l’insécurité émotionnelle et affective à la maison, peut conduire l’enfant devenu adulte à fuir l’attachement qui est inscrit dans son inconscient comme source de danger.

Pourquoi, alors que nous nous sentons prisonniers d’habitudes aliénantes,  résistons-nous aux transformations qui nous en libéreraient ? Qu’est-ce qui nous empêche d’aller vers le meilleur, lorsque pourtant nous l’espérons et le prions dans l’adversité ?

Voici des explications qui vous permettront de comprendre les enjeux de nos résistances au changement. Puis, quelques conseils pour lâcher vos gardes qui vous maintiennent dans des situations parfois répétitives et inconfortables, et consentir à votre vie.

Pourquoi résiste-t-on aux changements ?

Résister aux changements pour rester fidèles à notre identité.

Notre identité est ce que nous donnons à connaître de nous-mêmes lorsque nous entrons en interaction avec l’extérieur, et ce que l’extérieur perçoit de nous à notre contact.

Dans sa dimension objective, elle intègre notre patrimoine génétique. Dans sa dimension subjective, elle est le résultat d’un processus de construction qui commence avant la naissance (dans l’imaginaire de nos parents) pour se transformer tout au long de notre vie (au travers notamment de nos expériences sociales et familiales).

Certains des fondements de notre identité sont difficilement atteignables. Car modifier les paramètres qui nous ont construits et qui définissent notre rôle et notre place dans la société, nous fait craindre cet inconnu qui, enfoui au fond de nous-même, pourrait surgir. Pour cette raison notamment, nous mettons tout en œuvre pour rester fidèle à notre identité et pour maintenir notre statut légitimement acquis au fil du temps. Quand bien même nous ressentions un mal-être ou mal vivre, que sous-tend un besoin de changement.

Exemple : “La réussite professionnelle est inhérente aux hommes de ma filiation qui savent prendre leur responsabilités. Je dirige moi-même une entreprise et lui dédie tout mon temps et mon énergie pour la faire prospérer. Cela ne laisse guère de place pour des loisirs et pour ma famille. Ca n’est pas toujours facile et je reconnais que parfois cette vie me pèse. C’est comme ça. Je n’ai pas le choix. Qu’adviendrait-il de mes proches s’il en était autrement, si je n’assumais pas mon rôle ?”

Résister aux changements pour ne pas être exclue (peur de non-appartenance).

En acceptant le changement, nous modifions notre interaction avec l’extérieur et prenant le risque d’être confrontés à la résistance et au rejet de nos proches. Une mise en péril de notre appartenance légitime à notre groupe social et familial, par la remise en cause du rôle auquel nous nous identifions et nous sommes assignés. Cette peur de non-appartenance et d’exclusion renvoie à notre impératif de satisfaire nos besoins fondamentaux tels que la reconnaissance, l’amour, l’affection, le partage, la communication, etc. 

Exemple : “Je viens de finir mes études d’ingénieur et je rêve de prendre une année sabbatique pour faire le tour du monde. Comment mon entourage percevra ma démarche et accueillera ma décision, alors qu’un emploi dans une grande entreprise m’attend ? Comment annoncer cela à mes parents pour qui mon avenir est déjà tracé ? Je crains qu’ils ne me comprennent pas au point de ne plus m’adresser la parole. Et lorsque je reviendrai, aurai-je toujours une place parmi mes pairs ?”

Résister aux changement pour ne pas affronter l’inconnu.

Le changement, c’est aussi quitter ce que l’on connaît pour en avoir fait l’expérience, pour aller vers ce que l’on ne connaît pas. Cette inconnue qui nous fait dire “je sais ce que je perds, mais pas ce que je gagne” est assimilable à la peur inconsciente de la mort, dont nous ne ferons jamais l’expérience de notre vivant. Le changement, c’est faire le deuil de quelque chose pour affronter l’inconnu.

Exemple : “Je suis promu à un poste de responsabilité à l’autre bout du monde. J’en rêvais depuis des années. Mais aujourd’hui je ne suis plus certain de vouloir partir. Je suis effrayé à l’idée de quitter ma famille, mes amis et mon environnement, pour me retrouver dans un pays dont la culture est très éloignée de la mienne et où je ne connais personne.”

Résister aux changements pour ne pas risquer d’échouer.

Il est accordé dans notre société une importance démesurée à la réussite, au détriment de la valorisation de l’expérience comme apprentissage indispensable à notre évolution personnelle. Nous combattons chaque jour l’échec pourtant relatif, afin d’obtenir la gloire illusoire. Le changement étant considéré comme une prise de risque, éveille en nous la peur d’échouer. Pourtant, le seul “danger” que nous courons en décidant le changement est celui de traverser les étapes de l’apprentissage nécessaires à la réalisation de soi.

Exemple : “J’aimerais me mettre à mon compte. Ça fait quelques années maintenant que je travaille sur mon projet qui me tient à cœur et auquel je crois. Il est prêt et il y a plus qu’à… Pourtant, je n’arrive pas à me lancer. Et si j’échoue…?”

S’accompagner vers le changement.

La prise de conscience nécessaire à l’amorce du changement survient généralement lorsque nous venons de traverser une tempête ou de vivre un événement difficile : une séparation, un décès, un licenciement, la maladie, etc. Elle peut également surgir lorsque nous sommes enfermés dans un mal-être profond ou que des situations particulièrement inconfortables se répètent dans notre vie. Les émotions que nous vivons et les épreuves que nous traversons favorisent donc la conscientisation de nos besoins et nous offrent l’opportunité de procéder aux ajustements nécessaires à notre épanouissement.

Le désir de changement doit provenir du fort intérieur.

Pour qu’il soit juste, le changement ne peut être imposé par une volonté extérieure à soi, ni subir l’influence des événements déclencheurs de la prise de conscience d’un besoin de transformation. Cette dimension de démarche personnelle est essentielle à l’orientation positive du changement. Elle favorise la confrontation à nos peurs et à nos croyances qui font barrage à notre épanouissement.

Exemple : “Je ne supporte pas l’idée d’être enfermé dans une relation et je n’ai jamais cédé aux injonctions de ma compagne pour que nous habitions ensemble. Cependant, j’aimerais dépasser mes craintes pour envisager sereinement d’avoir une famille. Je veux me débarrasser de cette conviction que la vie à deux est une privation de liberté.

Le processus de changement doit se faire en pleine conscience.

Quels que soient les événements qui provoquent le besoin de transformation, et au-delà d’un éventuel sentiment d’urgence, le changement doit s’opérer en pleine conscience. C’est-à-dire, par une présence attentive et vigilante, afin d’orienter nos perceptions vers l’essentiel et de décider ce qui est juste.

Exemple :“J’ai reçu une éducation fondée sur des valeurs familiales fortes. Je me suis mariée, nous avons eu des enfants, puis nous avons divorcé. Mon identité de mère et de femme, garante de ces valeurs, a été profondément ébranlée. M’accrocher à mes croyances, fondement de mon identité effondrée, m’aurait empêché de me relever. Me projeter mère et femme autrement et hors de mes sentiers battus a été mon salut. Je n’ai pas renoncé aux valeurs qui aujourd’hui encore me paraissent fondamentales, mais seulement à celles qui m’auraient empêché de me reconstruire au plus près de moi-même.”

Le changement doit permettre d’aller à la rencontre de soi.

Ce processus d’évolution qui nécessite de lâcher-prise avec certaines de nos croyances devenues limitantes, n’est pas un abandon de soi, mais un voyage introspectif  à la rencontre des parts inconnues de nous-mêmes laissées en sommeil.

Exemple : “Pensant être passé à côté de ma vie, j’ai tout plaqué. Ma femme, mon travail et mes amis. Puis, mes frustrations et mon mal-être ont surgi de nouveau et plus violemment encore. Ce que j’étais allé chercher à l’extérieur était au fond de moi. Je me suis alors autorisé à être ma créativité que je refoulais, et je me suis mis à peindre avec mes forces et mes faiblesses dans lesquelles je puise aujourd’hui mon inspiration”.

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Le processus de changement doit être suivi étape par étape.

Lorsque l’on decide le changement, il ne faut surtout pas s’accrocher à un agenda ni à un résultat prédéfini. Car il se peut qu’il faille procéder à certains ajustements en cours de route. Le travail de conscientisation qui conduit à la transformation est celui d’un débroussaillage de terrain parfois laissé en friche trop longtemps : l’arrachage des mauvaises herbes permet de découvrir certains reliefs et celui de la tonte en révèle d’autres. Il est donc sage d’avancer à son rythme, sans se fixer d’objectifs démesurés, et d’apprivoiser le changement pour mieux l’ancrer.

Exemple : Je croyais que j’étais faite pour la comédie. Alors, sans réfléchir, j’ai abandonné mes études de droit pour m’inscrire à des cours de théâtre. Finalement, c’est écrire qui me passionne. Je veux être dramaturge. Je vais donc finir mon année et me laisser le temps d’écrire ma première pièce. 

Conclusion.

“La vie est un changement permanent et la seule chose qui ne change pas, c’est que tout change tout le temps”_ Dicton Oriental.

L’impermanence de toutes choses est inscrite dans l’infini petit de nos cellules jusqu’à l’infini grand de l’univers. Le changement est inhérent à toutes formes de vie. Nous ne pouvons lui résister sans risquer de nous blesser. Alors, est-il meilleur choix de trouver en soi les ressources pour l’accompagner ?

Et si quelques doutes et peurs subsistent, rappelons-nous qu’avant de marcher, nous sommes tombés et nous nous sommes relevés ; qu’avant d’enlever les petites roues de notre vélo, nous avons tremblé à cette idée ; que nous ne savions pas ce qu’était d’être parents avant d’avoir un enfant ; que si nous avons eu peur du noir, nous aimons regarder le ciel étoilé.

Je vous souhaite d’oser le changement nécessaire à votre épanouissement, pour vous offrir et donner au monde, la plus belle version de vous-même.

Blandine Gerber Fleury aime écrire, partager et inspirer. Mère de quatre enfants, autrice et accompagnante, elle peut être jointe ici sur FB