L’enfance du pervers narcissique
Pervers narcissique, les origines de son trouble de la personnalité.
Avant de plonger dans l’enfance du pervers narcissique pour mieux comprendre ce qui a fait de lui une personne aux agissements déviants, donnons ici une définition, en quelques lignes, de ce trouble du comportement.
La perversion narcissique n’est pas reconnue comme une maladie psychiatrique, mais elle est décrite comme un sous-ensemble de troubles de la personnalité et de comportements pathologiques ; à savoir, une attitude narcissique et manipulatrice excessive, une empathie défaillante et un besoin extrême d’admiration et de validation.
Le terme “pervers narcissique” décrit donc une personne qui, contrairement à ce qu’elle laisse paraître, a une image dévalorisante d’elle-même au point de rabaisser les autres, de les manipuler et de les exploiter pour alléger ce sentiment de mésestime, et nourrir son propre intérêt.
À moins qu’elle agisse ainsi pour valider une croyance en son pouvoir démesuré, et un ego surdimensionné.
Pour compenser ses insécurités et répondre à ses besoins, elle utilise avec brio les émotions et les faiblesses des souffre-douleurs en lien de dépendance avec elle.
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Ainsi, lorsque ces traits de personnalité sont sans équivoque chez une personne, que ses comportements sortent à ce point de la norme conforme aux valeurs de notre monde, elle entre dans la catégorie des pervers narcissique.
Mais comment développe-t-on un tel trouble de la personnalité qui touche les femmes et plus encore les hommes ?
Peut-on parler de personnes prédisposées à la perversion narcissique ?
Qu’est-ce qui, dans l’enfance du pervers narcissique, a pu influencer une telle déviance ?
Les causes de ce trouble restent complexes à déterminer.
Et si les facteurs génétiques et neuropsychologiques font toujours l’objet de nombreuses études, les recherches ont déjà permis d’établir un rapport de cause à effet entre une enfance dysfonctionnelle et la construction d’une identité perverse narcissique.
La lecture de cet article vous éclairera sur l’enfance du pervers narcissique, en mettant en évidence les dénominateurs communs de ses personnes dont le comportement est considéré comme déviants.
Origines et déterminants du comportement pervers narcissique.
L’enfance est une période cruciale dans le développement de chaque individu. Elle détermine ses comportements jusqu’à façonner son identité et influencer son devenir à l’âge adulte. Dans le cas d’une enfance dysfonctionnelle, elle pèse généralement lourd sur le lien qu’elle va entretenir avec l’autre.
Les spécialistes s’accordent ainsi à dire que les traumatismes et les expériences vécues pendant l’enfance et dans la vie, jouent un rôle déterminant dans l’évolution de notre personnalité et peuvent conduire certaines personnes à agir avec perversion et narcissisme.
Pour comprendre la structure de ce trouble de la personnalité et identifier ses origines, il convient donc d’explorer l’enfance du pervers narcissique.
Car sa famille, ses parents, le monde dans lequel il a pris place et évolué, ne sont pas sans lien avec l’expérience qu’il fait de sa réalité.
Enfance du pervers narcissique, son environnement familial.
Les recherches montrent que l’enfance du pervers narcissique est souvent marquée par des violences, des frustrations, du mensonge, de la trahison et une absence d’empathie de la part des parents ou des figures d’autorité.
Elles soulignent également que la famille dans laquelle il grandit est dysfonctionnelle, révélant souvent un ou des parents dominateurs et manipulateurs.
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Un environnement familial conflictuel.
Certes, tous les enfants exposés à un environnement familial conflictuel ne deviendront pas des pervers narcissiques à l’âge adulte.
Cependant, selon l’ampleur du problème et/ou d’autres facteurs aggravants (prédisposition génétique, psychologique et émotionnelle de l’enfant, environnement social défavorable, etc.), un tel contexte familial peut favoriser l’émergence de comportements associés à la personnalité du pervers narcissique.
En effet, un environnement conflictuel peut créer une carence affective, et la négligence du rôle fondamental des parents qui est d’apporter aux enfants une sécurité et stabilité, tant matérielle qu’émotionnelle.
Pour compenser ce manque et satisfaire son besoin d’attention, de valorisation et d’amour dont il a besoin pour développer son estime de soi et sa confiance en lui, l’enfant va tester toutes les stratégies possibles.
En cas d’échec, il développera des mécanismes de survie émotionnelle extrêmes, tels que le renforcement de son ego pour compenser ce manque de validation et l’expression émotionnelle déficiente de son père, sa mère ou autres membres de sa famille, ou le recours à la perversion narcissique pour continuer à essayer d’obtenir ce dont il a besoin.
Arrivé à cette étape, l’enfant aura abandonné ses facultés d’empathie (qui lui sont pourtant attribuées dès la naissance) au profit d’une attention et préoccupation extrême à lui-même. Car sa survie émotionnelle, croira-t-il, dépendra de lui.
On retrouve donc souvent, dans l’enfance du pervers narcissique, une structure familiale conflictuelle.
Un parent pervers narcissique.
Les études montrent que les adultes qui ont eu des parents mais aussi des frères ou des sœurs pervers narcissiques sont plus enclins à développer eux-mêmes ce type de comportement.
Avec un parent pervers narcissique, l’enfant est pris au piège d’une relation toxique et marquée par une série de contradictions et de paradoxes.
S’il réussit parfois à obtenir l’approbation, la validation et l’amour de la personne chargée de sa sécurité émotionnelle il est, d’un seul revers de bâton, confronté à la critique de son parent manipulateur.
Les messages que l’enfant reçoit de son parent pervers narcissique sont en effet à ce point confus. Il peut être loué pour ses réalisations et comportements un jour, puis sévèrement critiqué le lendemain pour une raison parfois tout à fait anodine.
Ces changements imprévisibles, ces comportements instables, créent chez lui un sentiment d’insécurité, car il ne sait jamais à quoi s’attendre.
En outre, le parent pervers narcissique utilise souvent l’enfant comme un pion dans ses jeux de pouvoir et de contrôle. Il le récompense ou le puni alors, en fonction de la manière dont il répond à ses attentes et besoins narcissiques, ce qui le rend extrêmement vulnérable à la manipulation.
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Avec le temps, l’enfant apprend à se méfier de son père ou de sa mère, voir du couple que forment ses parents, craignant constamment de lui ou leur déplaire et d’en subir les conséquences.
Sa vulnérabilité renforce alors le pouvoir sur lui de son parent enclin au narcissisme et à la perversion, et inscrit leur relation dans un cercle vicieux et toxique.
Ainsi, en intégrant ce schéma et cherchant le moyen de ne pas souffrir, il se peut qu’il fasse partie à son tour de la catégorie des adultes pervers narcissiques.
À quels mécanismes comportementaux un individu pervers narcissique soumet-il son enfant ?
Le parent pervers narcissique est maître en manipulation. Doté d’une capacité impressionnante à déceler les faiblesses des autres, il utilise cette habilité pour établir et maintenir un contrôle absolu sur son sujet de prédilection.
L’enfant peut devenir alors l’objet principal de cette manipulation, l’instrument permettant d’assouvir ses besoins narcissiques. Voici ses principales armes de combat.
La dévalorisation.
L’une des armes les plus couramment utilisées par le parent pervers narcissique est la dévalorisation. En critiquant constamment sa progéniture, son point de vue, en remettant en question ses compétences et en ridiculisant ses efforts, il crée un contexte dans lequel celui-ci doute de sa propre valeur.
Cette stratégie entraîne parfois chez l’enfant en constante recherche d’approbation et de validation, un sentiment de honte d’être qui il est et une grande fragilité émotionnelle.
Le chantage affectif.
Un autre mécanisme courant est le chantage émotionnel. Le parent pervers narcissique maîtrise l’art et la manière de le pratiquer.
Si l’enfant ne se conforme pas à ses désirs, il peut menacer de le priver de son amour ou son soutien. En fait, cette tactique est particulièrement efficace, car elle joue sur la peur fondamentale de l’enfant d’être abandonné ou rejeté.
L’image parfaite.
Il est également fréquent que le pervers narcissique présente au monde l’image du parent parfait. En dehors de la maison, il peut se montrer aimant, attentionné et dévoué. L’enfant aura alors tendance à se sentir coupable de penser du mal de lui, allant même jusqu’à croire qu’il mérite ce qu’il subit.
Progressivement, il intégrera l’idée que ces agissements sont légitimes et normaux.
Cette dynamique malsaine entre l’enfant et la personne de son parent a un impact profond sur sa personnalité, et lui fait prendre le risque de développer des troubles de l’estime de soi, de l’anxiété et de la dépression.
De plus, l’enfant peut avoir des difficultés à établir des relations saines, car il s’est construit autour de la croyance que l’amour est conditionnel et qu’il doit prouver sa valeur pour être aimé. Il peut alors, à son tour, développer un comportement pervers narcissique.
Voici donc les outils parfaits pour pousser l’enfant à développer un mécanisme de défense infaillible, caractérisant son profil narcissique et pervers.
Un parent victime de son partenaire pervers narcissique.
Dans l’enfance du pervers narcissique, il n’est pas rare de trouver un parent “victime”. Celui-ci, souvent dominé et manipulé lui-même, se trouve dans une position difficilement extirpable.
D’une part, il est conscient des abus que subit son enfant, d’autre part il se sent impuissant à intervenir et à le protéger.
Le parent victime est donc souvent pris dans un cycle de déni et de justification. Il peut minimiser les abus, les attribuer à l’imaginaire de son enfant ou même le blâmer pour les comportements pervers et narcissique de son(sa) conjoint(e).
Cette attitude renforce le sentiment d’isolement et de confusion de l’enfant, qui se sent trahi non seulement par le parent abusif, mais aussi par celui dont il espère finalement être protégé.
Le parent victime joue donc un rôle dans cette dynamique. Et si l’enfant s’identifie à lui, il se peut qu’il devienne à son tour un adulte soumis à la perversion narcissique de son partenaire. A moins qu’il endosse à son tour le rôle du dominant contrôlant.
Une sur-valorisation de sa personne.
L’enfance du perver narcissique n’est pas nécessairement ponctuée de maltraitance. La sur-valorisation d’un enfant par ses parents peut aussi avoir un impact négatif sur son développement psychologique et affectif.
Certes, l’amour et la reconnaissance sont indispensables à l’équilibre affectif et au développement de l’estime et de la confiance en soi d’un enfant.
Mais il faut avoir conscience que lorsque cela prend la forme d’encensement qui supplante toute objectivité, les conséquences peuvent être néfastes voir dévastratrices.
En se construisant une image déformée de la réalité et de ses talents, compétences et autre qualité, l’enfant finit par croire en sa supériorité infaillible.
L’excès d’estime de soi peut alors le conduire à la complaisance, au manque de volonté de faire des efforts (pourquoi en ferait-il ?) et, en cas d’échec, à l’incapacité d’y faire face, de l’accepter et d’en tirer des leçons.
Comme vous pouvez l’imaginer, cette sur-valorisation peut favoriser le développement de traits narcissiques chez l’enfant. S’il se croit supérieur, il considérera nécessairement que l’autre, voire tout le monde, lui est inférieur.
Et lorsque le doute de sa supériorité lui est renvoyé, lorsque sa personne est jugé et remise en question, il cherchera de manière irrationnelle à contrer les soupçons et à rétablir sa réputation.
En fin de compte, l’estime de soi apparemment élevée d’un enfant surévalué et surestimé est fragile, car elle repose sur une évaluation externe plutôt que sur son expérience personnelle de lui même et une compréhension réaliste de ses forces et de ses faiblesses.
En conséquence, n’étant pas équipé pour faire face à l’adversité, il finira par développer un comportement narcissique, voire manipulateur, pour obtenir la preuve de sa supériorité et la validation auprès des autres.
Ainsi, dans l’enfance du perver narcissique, on trouve parfois une structure familiale ultra-protectrice caractérisée par l’encensement sans faille de l’enfant.
Enfance du pervers narcissique, son environnement sociétal.
L’environnement familial n’est pas le seul à influencer la personnalité des enfants et à avoir un impact sur leur développement psychologique.
La société et ses fondements jouent également un rôle, et l’on peut dire qu’elle encourage la perversion narcissique, voire la valorise.
La valorisation par le succès.
La promotion de l’excellence, l’évaluation permanente de la réussite scolaire de l’enfant, etc. sont autant de facteurs qui favorisent la perte de confiance en soi et amplifient le besoin de reconnaissance et de validation.
Les personnes qui sont sûres d’elles, dominantes et qui doivent succès notamment à leur faculté de faire passer leurs propres besoins avant ceux des autres sont souvent considérés dans notre société comme des leaders ou des gagnants.
Cette perception peut encourager les individus à manipuler les autres pour obtenir ce qu’ils veulent et à développer des comportements narcissiques. Bien que cela soit particulièrement vérifiable sur le lieu de travail, on peut également l’identifier dans la cour de récréation, la salle de classe, le club de sport, etc.
Ainsi, la pression de la réussite et l’accent mis sur l’esprit de compétition peuvent encourager les enfants à développer leur sens de l’individualisme, en donnant la priorité à leurs propres besoins et objectifs au détriment de ceux des autres. Cela peut les conduire à un manque d’empathie et au narcissisme.
La culture de l’image.
Il y a aussi un facteur non négligeable à prendre en compte, qui influence le narcissisme de l’enfant et peut conduire à des comportements pervers : la culture de la célébrité, de la notoriété et de la valorisation de la personne par l’image, largement véhiculée par les médias sociaux, la télévision et Internet.
Force est de constater en effet que le nombre de followers, de likes et de vues est devenu l’outil de valorisation par excellence des adolescents.
Les enfants ne font pas exception à cette règle, car ils sont exposés dès leur plus jeune âge à cette mesure de référence de la valeur individuelle. Ceci a pour conséquence d’exacerber leur besoin de se comparer aux autres pour gagner en reconnaissance et en admiration.
En conclusion, que faire de cette compréhension ?
La perversion narcissique est un sujet largement traité dans les articles de développement personnel, et un concept parfois utilisé à la légère pour décrire le comportement individualiste et contrôlant de certaines personnes.
Il est important d’avoir conscience de cela et de rester prudent quant à nos accusations parfois excessives de narcissisme et de perversion.
Rappelons-le, les personnes faisant preuve de narcissisme et de perversion ont un besoin constant d’admiration, un manque d’empathie et un comportement manipulateur excessif.
À tel point que leurs agissements déviant se situs largement hors de la norme, et sont considérées comme un véritable trouble du comportement dont l’impact sur leurs environnements relationnels est destructeur.
Quant aux causes et à la compréhension de ce trouble, bien que nous en ayons avancé ici quelques-unes reconnues, elles restent en partie inconnues à ce jour.
Certaines études ont montré que des variations génétiques et des facteurs neurobiologiques prédisposeraient les individus à la perversion narcissique ; que des altérations de la zone du cerveau liée à l’empathie et à la régulation émotionnelle pourraient être impliquées.
Mais la question se pose alors : qu’est-ce qui est arrivé en premier, la poule ou l’œuf ? Car on connaît bien l’impact des traumatismes sur le système neuronal et le cerveau lui-même.
Rappelons ici ce que nous avons détaillé dans cet article et qui fait l’objet d’un consensus, l’influence d’une enfance dysfonctionnelle sur les comportements et comment celle-ci a entraîné certaines personnes à agir avec narcissisme et perversion.
- L’intégration et reproduction de leur schéma parental.
- Leur stratégie développée pour faire face à leur traumatisme.
- Leur stratégie mise en place pour répondre à leurs besoins fondamentaux insatisfaits.
- Leur stratégie développée pour combler leur manque d’estime de soi.
- Leur croyance en un super Moi, et la stratégie pour la valider.
- Leur croyance que l’amour est conditionnel.
Oui, une enfance vécue dans un environnement dysfonctionnelle et les expériences de vie jouent indéniablement un rôle dans le développement de la personnalité et du comportement de l’enfant, jusqu’à favoriser des troubles de pervession narcissique.
Il est donc essentiel de souligner pour le faire savoir, qu’un éducation saine, caractérisée par une sécurité affective, contribue à limiter le développement de ce trouble.
Les parents et les éducateurs ont la responsabilité d’offrir aux enfants un environnement qui encourage leur tendance innée à réagir avec empathie, et qui favorise la confiance en soi.
Nous pouvons leur rappeler sans les juger et les soutenir s’ils ont des difficultés à remplir ce rôle ; en cas de réel narcissisme et perversion de l’entourage, nous devons alors aider l’enfant à se protéger.
Et si nous ne pouvons pas transformer la société d’un coup de baguette magique, nous pouvons participer à sa transformation positive en éduquant nos enfants avec bienveillance, et en leur apportant un soutien adéquat et propice au développement de relations saines.
Attention !
Comprendre la structure de la personne pervers narcissique ne l’excuse pas, mais explique pourquoi il lui est presque impossible d’y échapper.
C’est pourquoi en être victime n’est pas à prendre à la légère.
Si vous souffrez vous aussi des agissements d’un individu pervers narcissique, sachez qu’il existe de nombreux spécialistes du sujet et des thérapeutes qui peuvent vous aider à sortir de votre isolement et de votre souffrance.
Votre responsabilité n’est pas de changer le pervers narcissique, mais de vous donner les moyens de sortir de son emprise.
Faites appel à un coach, suivez une thérapie, trouvez la manière qui vous convient pour vous sortir de ce schéma annihilant et n’oubliez pas que vous n’êtes pas seul à vivre cela.
Enfin, ayez conscience de cela et accrochez-vous-y… vous méritez le bonheur !