échange conflictuel versus bienveillant

La Communication Non Violente (CNV – Marshall Rosenberg), une opportunité de créer du lien.

Qu’il s’agisse d’un échange conflictuel avec son conjoint, un membre de sa famille, une amie ou un collègue de travail, il est possible de désamorcer facilement les tensions ; mieux encore, de créer à partir d’un désaccord, une opportunité de faire évoluer la relation, voire de la renforcer.

Le palliatif aux difficultés relationnelles, capable de transcender les conflits et de les transformer positivement, est la communication bienveillante.

S’impose ici de préciser ce qu’est être bienveillant. Il ne s’agit pas, comme certains pourraient le penser, d’une faiblesse et mollesse de l’esprit, mais plutôt de sa force substantielle et sa puissance vertueuse.

La bienveillance est une démarche volontaire qui vise le bien-être et le bonheur de l’autre ; c’est une disposition qui favorise la compréhension et l’indulgence. On la définit encore par une aptitude à l’altruisme et une propension à vivre ses émotions en pleine conscience. En résumé, il s’agit d’un état d’être, qui participe à l’harmonie des relations et de la société. Ce n’est pas rien !

Alors, si une communication bienveillante est susceptible de transformer nos relations conflictuelles en opportunités de créer des liens harmonieux avec autrui, tout en contribuant à la bonne marche de ce monde, autant en faire usage !

Mais cela ne s’improvise pas, car nous avons appris, dès notre plus tendre enfance, à rompre avec notre prédisposition à gérer nos échanges dans la bienveillance. Cependant, nous pouvons revenir à notre faculté innée de l’incarner, pour la placer au coeur de nos relations. C’est ainsi que nous serons capables de transformer nos conflits parfois répétitifs, en opportunité d’évolution et de renforcement du lien qui nous unit à l’autre.

Pour y parvenir, voici quelques conseils empruntés à la CNV (Communication Non-Violente). Aussi, dans ces quelques lignes, vous trouverez des explications qui vous permettront de mieux comprendre et de mesurer la validité de cette méthode.

Egalement, je vous recommande le cours en ligne de Sophie Parienti, coach de développement personnel de renom, qui m’a enseigné cette technique (voir ci-dessous).

Prenez note de tout ces conseils issus de l’enseignement de la CNV et appliquez-les quotidiennement dans vos interactions ; vos relations en seront transformées !

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La naissance d’un échange conflictuel.

Un conflit survient dans une conversation, lorsque des émotions déplaisantes passent par le filtre d’interprétations du cerveau des protagonistes. Celui-ci les transforme en pensées qui génèrent à leur tour des sentiments négatifs. En l’absence de recul et à défaut d’être conscient qu’ils sont la manifestation de besoins non satisfaits, des reproches, jugements ou critiques vont s’exprimer.

Lire aussi – Emotions & Sentiments, ou comment calmer son mental.

Lorsque s’expriment des ressentiments, la personne qui les “reçoit” se met en position de défense . Se sentant agressée par les propos qui lui sont adressés, et dans la mesure où ses besoins sont à cet instant également insatisfaits, elle désigne à son tour et en retour son interlocuteur, comme responsable de son état émotionnel. S’en suit un combat où chacun tente d’avoir raison en rejetant la responsabilité de ce qui l’anime, sur l’autre.

Loin de permettre l’échange bienveillant, de telles conversations mènent généralement à une rupture. Prendre conscience que les enjeux sont pour chacun d’assouvir ses propres besoins fondamentaux et légitimes, permet d’éviter cette escalade ; l’utilisation de la Communication Non Violente au quotidien interdit le conflit dans les relations, favorise l’entente et l’intimité.

Comment transformer un échange conflictuel en une opportunité de créer du lien. 

La méthode de Communication Non Violente de Marshall Rosenberg est aussi efficace pour transformer une situation conflictuelle, qu’elle est simple à intégrer. Il s’agit fondamentalement d’une communication consciente, authentique et responsable, qui génère de l’empathie, favorise l’échange bienveillant, l’affinité et même l’intimité.

Voici les quatre étapes fondamentales de la technique qu’il convient de suivre, pour transformer les situations relationnelles difficiles et conflictuelles, en opportunités de créer des liens et de les enrichir.  

Observer ce qui se passe.

Prenons l’exemple d’une conversation où l’une des personnes ne cesse d’être interrompue par l’autre. Une émotion l’envahit alors et, prise dans un tourbillons de sentiments négatifs, elle s’exclame : On ne peut jamais discuter avec toi ! Tu es toujours en train de me couper la parole ! De toute façon, tu ne fais jamais attention aux autres !

Vous imaginez ici les conséquences possibles de ces jugements et interprétations. Si au lieu de cela cette personne avait intégré et utilisé la méthode de communication de Marshall Rosenberg (CNV), le conflit aurait été évité.

En prenant dans un premier temps conscience de son émotion, elle se serait positionné en observateur de l’expérience vécue. Puis, elle aurait décrit la situation de manière objective, sans porter de jugement, en constatant tout simplement qu’elle est interrompue dans son discours et qu’elle ne parvient pas à s’exprimer.  

L’émotion alors apaisée par l’attention portée sur l’observation des faits, et l’interlocuteur ne se sentant pas agressé par cette présentation purement factuelle de la situation, aucun conflit n’aurait émergé. Mais la technique ne s’arrête pas à l’observation des faits.

Exprimer son sentiment.

Une fois les faits observés, il s’agit de se pencher sur l’émotion ou le sentiment que génère la situation vécue, et de l’exprimer sans retourner à des considérations qui rendraient l’autre de nouveau responsable. Pour faciliter cela, il faut à tout prix éviter l’utilisation des pronoms personnels tu et vous, et employer le je. Car on ne peut pas parler de soi, de ce que l’on ressent, en désignant autrui.

La liste des émotions et sentiments qui nous animent est longue, et il est parfois difficile de les identifier correctement.

Dans notre exemple, la personne interrompue pourrait se sentir excédée, désabusée, contrariée, en colère, etc. Considérons ici qu’elle se sent excédée d’être interrompue à plusieurs reprises dans son discours. C’est cela qui lui faut dire à son interlocuteur, après lui avoir décrit le contexte qui a vu naître ce sentiment.

Ce travail d’identification des sentiments, qui facilite la prise de conscience de soi et l’expression de son ressenti, privilégie notamment la construction d’un lien bienveillant. Il permet de passer à l’étape suivante et d’accéder à plus d’intimité.

Identifier ses besoins.

Si nous expérimentons tous les mêmes besoins, ils ne sont pas identiquement fondamentaux et prioritaires pour chacun d’entre nous. Car notre éducation, nos rencontres, notre culture et tout ce qui est à l’origine de notre système de croyance, nous ont permis d’élaborer des stratégies qui nous sont propres pour les satisfaire, ou pour nous limiter dans nos facultés à les assouvir.

Voici quelques exemples de besoins fondamentaux : Besoin de sécurité, de compréhension, d’attention, d’intimité, de créativité, d’empathie, de repos, de détente, de lien, de partage, etc. La liste n’est pas exhaustive.

Revenons à notre exemple. Nous savons que l’émotion désagréable générée par la situation susmentionnée est corrélée à un besoin fondamental qui n’est pas satisfait. Il s’agit donc de l’identifier ; le besoin de considération pourrait être dans notre cas celui inassouvi.

Bien sûr, d’autres besoins intermédiaires et peut-être même plus profonds peuvent se cacher derrière l’émotion ou le sentiment éprouvé par cette personne. Mais imaginons qu’elle est identifiée celui-ci. Cette étape d’expression du besoin va permettre d’infuser dans l’échange de la compréhension, voire de la compassion et de la curiosité empathique. Vient alors l’étape qui permet l’ultime apaisement de l’échange, et favorise le renforcement du lien.

Formuler une demande.

A ce stade de la conversation où un lien est établi entre les interlocuteurs, il reste à ouvrir le dialogue qui permettra à celui incommodé et touché par l’interruption de son discours, d’être profondément apaisé et de continuer son développement sans affecter l’autre en retour.

La formulation d’une demande est une invitation à poursuivre une conversation dans de bonnes conditions. Elle doit pour cela être exprimée positivement, c’est à dire en évitant de ramener la situation à des manquements et en la portant sur le terrain des possibles. Cette demande doit-être réalisable, concrète et satisfaisante pour chacun.

Il s’agit dans notre cas de trouver le moyen et de le suggérer, pour que l’un se sente considéré et l’autre ait la possibilité de s’exprimer lorsqu’il en ressent le besoin. A ce stade, une complicité est possible, et un terrain d’entente qui permet la valorisation de l’échange est en place.

Enchaînement des quatre étapes de communication de Marshall Rosenberg, suivant notre exemple.

Voici ce que pourrait exprimer concrètement la personne qui est affectée par la situation et la tournure que pourrait prendre l’échange, si elle suivait les quatre étapes de communication préconisées par Marshall Rosenberg :

“ Lorsque je parle et que je suis interrompue, je me sens excédée. Je comprends que cela est dû à mon besoin profond de considération. Que penses-tu de l’idée que nous utilisions un “témoin” qui nous permettrait un temps de parole à l’un et à l’autre ? Chaque fois que nous aurions besoin de nous exprimer, nous prendrions l’objet dans notre main.”

A ce point de la conversation qui est passée par le filtre des quatre étapes de la CNV, il n’est nullement question d’un échange conflictuel, mais plutôt bienveillant. Le pont communiquant établi entre les deux personnes invite à plus d’attention à l’autre, et peut également mener vers l’expression des besoins de chacun et plus d’intimité.

Soyons vigilants ! Il arrive que, malgré une utilisation de la CNV, une émotion et autre sentiment négatif perdurent. Cela est généralement le fait d’un besoin mal identifié. Derrière celui exprimé, il en est probablement un fondamental qui est en lien plus direct avec le ressenti. Il peut aussi s’agir d’une demande mal formulée, qui manque peut-être de précision, ou qui se heurte au besoin de l’autre. Il convient alors de repasser par ce même processus qui, une fois intégré par la pratique, devient une manière de communiquer habituelle et spontanée.

Conclusion.

“La façon dont nous communiquons avec les autres et avec nous-mêmes détermine en fin de compte la qualité de notre vie.” Anthony Robbins

Alors, si notre communication impact tant notre vie, nous avons tout intérêt, plutôt que de la soi-nier en ajustant ici et là notre discours, de la gai-rire tout à fait. C’est ce que nous permet la méthode de Marshall Rosenberg. Et c’est ce que vous parviendrez à faire en l’intégrant au point qu’elle devienne votre habitude d’échange.

La prise de recul qu’implique chaque étape de la CNV permet de prendre conscience et apprendre de soi et de l’autre, et de retrouver sa faculté innée et trop souvent oubliée, de bienveillance. Elle autorise à vivre apaisé nos relations à l’autre et à soi-même. Des relations alors dépouillées de toutes idées de mal ou de bien, et focalisées sur l’intention de rester en lien.

Je vous espère de belles rencontres et des échanges authentiques, riches, inspirants et bienveillants.

Blandine Gerber Fleury aime écrire, partager et inspirer. Mère de quatre enfants, autrice, prête-plume et bonne conseille, elle peut être jointe ici sur FB